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Ils ont influé. Une poignée d’hommes et de femmes ont impacté la politique, l’économie et la société. Ils ont secoué le cocotier, mené des réformes nécessaires ou mis sous le feu des projecteurs des questions d’une actualité brûlante.
Najib Boulif
Mettre à l’index...ation
En mettant en place le système de l’indexation des prix des hydrocarbures, l’ex-ministre des Affaires générales a été l’un des membres les plus courageux du gouvernement Benkirane I. En plein milieu des dissensions politiques qui ont déchiré l’Exécutif, il est arrivé à faire passer un projet impopulaire et à l’assumer jusqu’au bout. Résultat, l’augmentation des prix à la pompe, la deuxième en 15 mois, a été saluée par tout le monde, même au sein de l’opposition. Si on peut lui reprocher le timing de la prise de décision, qui nous a coûté une police d’assurance de 500 millions de dollars, il est certain qu’« il vaut mieux payer une petite prime d’un demi- milliard que de prendre le risque de faire foirer toute une année budgétaire », comme le justifie Najib Boulif.
Salaheddine Mezouar
Le crocodile de la politique
Deux ans après la désillusion du G8, la coalition qui ambitionnait de faire barrage au PJD, le patron du RNI est revenu aux affaires à la faveur d’un coup de pouce inattendu. En l’occurrence la volte-face de Hamid Chabat, qui a annoncé que l’Istiqlal se retirait du gouvernement. Dès ce moment, les pronostics sont allés bon train sur le retour du RNI dans la majorité. Les tractations entre Salaheddine Mezouar et Abdelilah Benkirane pour la formation de la nouvelle équipe gouvernementale ont rythmé tout l’été. Et le patron du RNI en est sorti en vainqueur. Non content d’être blanchi par la justice dans l’affaire des primes échangées avec le trésorier général du royaume, Noureddine Bensouda, Mezouar a fermement négocié l’arrivée des ministres RNI dans le gouvernement Benkirane II. Un temps pressenti aux Finances, il a obtenu les Affaires étrangères, un ministère d’où il a éjecté un poids lourd du PJD, Saâd-Eddine El Othmani. Depuis sa prise de fonctions le 10 octobre dernier, Mezouar multiplie les sorties publiques et les activités médiatisées. Il a participé à une réunion faussement discrète avec la patronne de la CGEM, Miriem Bensalah, pour renforcer la diplomatie économique du royaume. Et il a été très actif sur le front africain avec plusieurs rencontres au plus haut niveau.
Driss Azami Al Idrissi
Le highlander des Finances
Il a été au cœur du combat entre Benkirane et Chabat, et son départ du département du Budget s’est retrouvé au centre des négociations entre le PJD et le RNI de Salaheddine Mezouar. Tout le monde le donnait partant, pensant qu’il serait le premier que Benkirane allait sacrifier sur l’autel de la nouvelle coalition gouvernementale. Il n’en a rien été. Azami est resté en poste sans changer ses orientations d’un iota. Assurant la continuité de la gestion budgétaire de l’Etat, le jeune ministre islamiste, pourtant d’allure frêle et discrète, est même devenu une icône pour les bases de son parti. Un symbole de résistance face à la puissance de « l’Etat profond »
Asma Lamrabet
La féministe voilée
Lors de l’université d’été 2013 de l’association Capdema, elle fut une des intervenantes les plus applaudies. Mieux : quelques jeunes se sont pressés pour une photo souvenir à ses côtés. Asma Lamrabet, dont le nom, il y a peu, ne disait pas grand-chose à beaucoup de monde, est devenue une incontournable du féminisme islamique. L’auteur et médecin biologiste a reçu le Prix de la Femme arabe de sociologie pour l’année 2013 pour son ouvrage, Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ? De rencontres militantes en colloques académiques, elle a tout au long de l’année porté le flambeau du droit des femmes, tout en refusant, selon ses dires, de tomber dans l’occidentalisation forcenée de la féminité.
Ilyas El Omary
Diplomate parallèle
On le disait comploteur, mais voilà qu’on découvre son autre facette de médiateur. Le dirigeant du PAM a réussi à lui seul à réunir plusieurs factions palestiniennes en Egypte, puis à Rabat pour une tentative de réconciliation nationale. Ilyas El Omary passe son temps à sillonner le monde, y compris dans des contrées assez improbables comme la Birmanie pour y rencontrer l’opposante Aung San Suu Kyi. Son plus récent déplacement l’a mené au Paraguay où il a négocié le retrait par ce pays de sa reconnaissance à la RASD.
Taieb Aisse
Tête de turc
Inconnu jusque-là au bataillon, cet entrepreneur a été à l’origine de la principale polémique qui a déchiré le monde des affaires. Il a même failli créer une crise entre le gouvernement Benkirane et son incontournable partenaire la CGEM. Président d’Amal Entreprises, association qui se présente comme une alternative au patronat classique, il a été derrière l’organisation de la rencontre B to B entre hommes d’affaires marocains et leurs homologues turcs, menés par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan lors de sa visite officielle dans le royaume. Ce qui n’a pas bien sûr été du goût de la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah, qui est allée même jusqu’à boycotter cette mission d’affaires. La concurrence de Taïeb Aisse a inquiété la patronne des patrons, qui n’est plus aujourd’hui l’unique représentante des décideurs économiques.
Mounir Agueznay
Manifestant en chef
Après quelques mois d’exil volontaire en Belgique, le «sniper de Targuist» est revenu dans sa ville natale dans la région d’Al Hoceïma. Depuis le mois de septembre, il organise, avec un groupe de militants locaux, des manifestations dominicales pour dénoncer l’enclavement de la région et le retard pris par les projets lancés par Mohammed VI en 2007. En tant que membre influent du comité représentant les habitants, il est devenu l’interlocuteur principal des autorités locales et du wali d’Al Hoceïma.
Ali Anouzla
Déni de presse
C’est bien malgré lui que l’ex-directeur du site d’informations Lakome a impacté l’actualité marocaine. Arrêté le 17 septembre, accusé notamment d’apologie du terrorisme pour avoir publié un lien renvoyant vers une vidéo d’AQMI, il a été libéré le 25 octobre, mais il est toujours poursuivi. Entre les deux, une intense mobilisation a uni islamistes et gauchistes, journalistes et défenseurs des droits de l’homme, ONG marocaines et étrangères. Tous dénonçant la loi antiterroriste de 2003 réactivée pour inculper Ali Anouzla. Le procès du journaliste s’est ainsi transformé pour ses soutiens en réquisitoire contre cette législation liberticide.
Abdelaziz Adnane
Monsieur Propre
Le directeur général de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) lutte depuis des années contre le prix exorbitant des médicaments au Maroc. Il vient d’obtenir gain de cause, l’Etat ayant décidé de baisser le prix de plus de 1000 d’entre eux d’ici mars 2014. Reconnu pour son souci du citoyen, il est le premier responsable d’un organisme public à remporter le Prix de l’intégrité de Transparency Maroc. Il a été salué pour son action contre les abus dans les secteurs des médicaments. Mais surtout pour sa lutte contre la corruption au sein d’une caisse qui était synonyme de gabegie depuis sa création en 1970.
Aziz Akhannouch
Taxe, ftour et poisson
Une fois de plus, cette année, Aziz Akhannouch a prouvé qu’il était la carte gagnante du sérail. Gérant le désormais ministère de souveraineté de l’Agriculture, il a été choisi pour assurer l’intérim du démissionnaire Nizar Baraka aux Finances. Un passage de quelques semaines durant lesquelles il a pu imprimer la vision royale sur le dispositif de fiscalisation des activités agricoles. Le sérail a pu aussi compter sur lui pour débloquer le très sensible accord de pêche avec l’Union Européenne, signé en novembre. Une victoire diplomatique pour le royaume, à mettre désormais à l’actif de celui qui compte parmi les rares personnes qui ont le privilège d’avoir Mohammed VI à leur table de ftour.
D'après: telquel-online.com
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